Parc logistique portuaire de Port-la-Nouvelle

MISE À JOUR (23/05/2015)

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Eccla, EELV, des observations sur l’enquête publique

L’enquête publique du projet d’agrandissement du port de Port-la-Nouvelle (partie terrestre) est désormais terminée. Eccla et EELV, parmi d’autres, ont formulé des observations sur ce dossier. En voici les grandes lignes (lien vers les documents complets plus bas) :

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Eccla : questions sur les compensations environnementales

L’association souligne d’abord ce qu’elle estime être une incohérence : l’extension du port à terre comporte deux parties, la plate-forme nord (extension de l’actuelle zone d’entrepôts, près de la mer et de la future extension du port en mer) et la zone logistique, plus à l’intérieur ; le dossier du maître d’ouvrage (la Région) prévoit de réaliser d’abord la première, liée à l’accueil du nouvel avant-port ; pour Eccla, c’est la seconde qui répond pourtant à des besoins plus immédiats (manque de place sur la zone actuelle, raccordement à la voie ferrée).

Par ailleurs, Eccla fait remarquer que le Contrat de Plan État-Région ne prévoit aucun financement pour le port de Port-la-Nouvelle dans les cinq ans à venir, alors qu’il prévoit 10 M€ pour l’intermodalité ferroviaire, dont la réalisation est pourtant prévue ultérieurement à celle du grand port…

Un autre point important est la réalisation d’un mur de soutènement sur la frange littorale de la plate-forme nord, avec pour but de protéger la zone des submersions marines. Eccla fait remarquer que, du fait de l’érosion régulière du littoral, le mur serait au bord de l’eau dans moins d’un siècle : « Dans ces conditions il ne paraît pas raisonnable d’installer une structure en dur dans une telle zone et surtout si près de la mer. »

Pour l’accès à la plage, Eccla propose un deuxième accès (en plus de celui par La Campagne) : Il s’agirait d’une passerelle en bois à partir de l’actuel parking proche de la maison éclusière de Sainte-Lucie. Il permettrait de découvrir les salins sans dégrader le milieu et d’arriver en un autre point de la plage.

Concernant les compensations environnementales, Eccla note que le dossier ne prévoit « quasiment pas d’évitement d’impact, juste un peu de réduction durant la phase chantier et quasiment tout en compensation, ce qui n’est pas vraiment l’esprit ERC » (« Éviter, réduire, compenser », loi du 10/07/1976).

Quant aux compensations, qui sont prévues en partie sur la réserve naturelle de Sainte-Lucie et, en majeure partie, sur le lido de Sète-Marseillan, Eccla souligne leur incohérence : d’une part parce que la Réserve régionale de Sainte-Lucie est déjà protégée foncièrement et réglementairement ; d’autre part parce que le lido de Sète est très éloigné du projet alors que d’autres sites plus proches auraient pu être choisis. Eccla y voit des raisons très éloignées des préoccupations environnementales et de l’idée de compensation : « lorsqu’on regarde de près le choix du lido de Sète, on comprend vite que la facilité a pesé lourd : un seul propriétaire prêt à vendre et un organisme, le Conservatoire du Littoral, prêt à en prendre la responsabilité et souhaitant fortement ce rachat. »

L’association pose des questions quand aux réalisations prévues sur l’île Sainte-Lucie : Pourquoi le plan de gestion, qui aurait dû être terminé fin 2013, n’est toujours pas en place ? Pourquoi choisir le canal de la Robine (pollutions au cadmium et au PCB, entre autres) pour la mise en eau des salins plutôt que l’étang de l’Ayrolles ? Le troisième point concerne la suppression de la circulation motorisée : le projet a-t-il été bien dimensionné (parkings, accès par le chemin de halage) ? Eccla demande que cette maîtrise de la circulation automobile soit réalisée dès avant les travaux et qu’une étude d’impact soit menée à l’issue de la première saison estivale.

Dans ses conclusions, Eccla interroge : « Si le port ne se fait pas, la Région tiendra-t-elle ses engagements envers la réserve régionale qu’elle a elle-même créée ?' ».

Lien vers le document d’Eccla

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EELV : « de graves irrégularités » en termes de concertation

Le groupe local du Narbonnais d’EELV soulève « de graves irrégularités » dans le déroulement de l’enquête publique qui, selon lui, sont des motifs d’annulation de l’enquête : absence de concertation de la Région avec les usagers, contrairement à son engagement et en opposition avec le Code de l’environnement et l’esprit du « Débat public ».

EELV estime que le projet ne prend pas suffisamment en compte les effets du changement climatique, en particulier par rapport à l’élévation du niveau de la mer et la réalisation d’un ouvrage de soutènement le long de la plate-forme nord, ce qui devrait amener à rechercher des solutions d’évitement, voire de repli pour une partie de cette plate-forme ; cela permettrait en même temps d’épargner pour l’instant les habitats qui sont dans le meilleur état écologique, estime le document.

Comme Eccla, EELV est critique vis-à-vis des compensations environnementales et les juge même « insuffisantes, inappropriées et en contradiction avec les recommandations de l’Agence de l’Eau » (le lido se Sète-Marseillan n’étant pas dans le même bassin versant que le projet).

EELV souligne l’important impact social, sanitaire et sociétal du projet : flux de véhicules lié aux travaux ; risques technologiques minimisés ; concentration humaine du fait du nouvel accès à la plage ; gestion des eaux de ruissellement ; pollution du chantier (plastiques, remblaiements).

En conclusion, EELV estime le dossier fragile et suggère une légèreté du maître d’ouvrage dans ses décisions.

Le document d’EELV : Observations EELV enquête publique PLN

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La Nouvelle : port et réserve naturelle, un voisinage à réussir

La réalisation du « parc logistique portuaire » de Port-la-Nouvelle, dont l’enquête publique est en cours, prendra 100 ha d’espace naturel. Les compensations environnementales, prévues par la loi, seront-elles à la hauteur de ce préjudice ? Par ailleurs, l’aménagement modifiera l’accès à la plage de la Vieille Nouvelle.

Du grau à Port-la-Nouvelle, 4 km de plage, dans la réserve naturelle.

Du grau de la Vieille Nouvelle à Port-la-Nouvelle, 4 km de plage, dans la réserve naturelle.

L’enquête publique, qui a lieu du 16 avril au 15 mai 2015, concerne une partie du projet d’agrandissement du port : la partie terrestre. L’agrandissement des bassins se fera ultérieurement (les travaux devraient démarrer en septembre 2018).

La Région Languedoc-Roussillon, en lien avec le transfert par l’État à la Région de la compétence sur les ports de Sète et Port-la-Nouvelle (2007), a élaboré un plan de développement des équipements portuaires du Languedoc-Roussillon. Port-la-Nouvelle, 18e port de commerce français (sur une quarantaine) et 3e de la côte méditerranéenne française, voit son trafic augmenter légèrement (4 % entre 2009 et 2013). La Région estime que ses équipements portuaires sont limités et nécessitent un agrandissement pour « répondre aux standards actuels des ports modernes ». Il est donc envisagé d’agrandir l’emprise au sol par l’aménagement d’un parc logistique pouvant accueillir davantage d’activités logistiques et industrielles ; et d’autre part d’agrandir la zone de bassins pour pouvoir accueillir des navires aux dimensions plus importantes : jusqu’à 225 m de long et 14,50 m de tirant d’eau contre, actuellement, un maximum de 140 m de long et 8 m de tirant d’eau.

Le projet d’agrandissement des bassins avait fait l’objet d’un « débat public » en 2012-2013, à l’issue duquel la Région a décidé de le mettre en œuvre.

Quant à l’aménagement du parc logistique, il se fera en deux temps avec d’abord la création d’une zone de 20 ha au nord-est du port actuel : elle mordra en partie sur la plage et la zone dunaire (1) ; puis, ultérieurement, on créera une zone de 80 ha, plus à l’ouest ; à cette occasion, le parc sera relié à la voie ferrée. Cette partie du parc empiétera sur les anciens salins dont une partie est encore en eau (zone humide d’environ 19 ha), au nord de la zone portuaire.

L'extension du parc logistique portuaire supprimera cette étendue d'eau d'environ 19 ha.

L’extension du parc logistique portuaire s’étendra sur une partie de l’ancien salin (ici, une zone encore en eau d’environ 19 ha).

L’ensemble des zones prises par le parc logistique jouxtent la Réserve naturelle régionale de Sainte-Lucie (825 ha), qui s’étend sur l’île de Sainte-Lucie, sur l’ancien salin, la zone dunaire et la plage. Propriété du Conservatoire du Littoral et de l’État (pour la partie du Domaine public maritime), la Réserve naturelle est gérée par le Parc naturel régional de la Narbonnaise et la commune de Port-la-Nouvelle.

L’aménagement du parc logistique entraînera des compensations environnementales. Dans ce contexte, il y a un débat sur la remise en eau des anciens salins : pour certains, l’idéal pour les oiseaux c’est ce qu’il y avait avant, avec une remise en eau de l’ensemble des salins ; les botanistes font remarquer que, avec les salins à sec, une flore intéressante se développe sur les rives. Trois scénarios sont en discussion, avec une partie en eau qui fluctuerait. Il y a aussi une interrogation sur la qualité de l’eau, si elle vient de la Robine.

Le nouvel accès passera par le domaine de "la campagne" (au coeur de l'ancien salin), où sera aménagé l'un des deux parkings.

Le nouvel accès à la plage passera par le domaine de « la campagne » (au coeur de l’ancien salin), où sera aménagé l’un des deux parkings.

La mise en place du projet aboutira aussi à la modification de l’accès à la plage de la Vieille Nouvelle : celui-ci se fait jusqu’à présent à travers la zone portuaire et les voitures empruntent, en retrait de la plage, une piste de sable damé par les roues, qui arrive jusqu’au grau de la Vieille Nouvelle. Ce non-respect de la loi, qui interdit la circulation motorisée sur les plages (et à plus forte raison dans une réserve naturelle), était jusqu’à présent toléré. A la faveur des aménagements du port, la Région a prévu un nouvel accès par le chemin de halage du canal de la Robine en direction de Sainte-Lucie puis par l’ancien domaine des Salins, appelé « la Campagne », et de là vers l’est jusqu’à la plage. Une voie est prévue pour les voitures, une autre pour les piétons et les cycles. Les véhicules ne circuleront donc plus sur la plage. Un parking de 150 à 180 places, en épis, est prévu le long de la voie d’accès (à partir d’une distance de 500 m de la plage jusqu’à la plage) ; un autre, de 300 à 500 places (selon les documents), est prévu à la Campagne, soit à 1,5 km de la plage. Il faudra marcher, du parking à la plage, au maximum 5 minutes pour le premier parking, 20 minutes pour le second.

Ph.C.

1) Ou plutôt proto-dunaire : il s’agit de dunes en formation.

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Le grau de la Vieille Nouvelle.

Le grau de la Vieille Nouvelle.

Maryse Arditi (Eccla) : « Nous allons nous bagarrer sur les compensations environnementales »

Quelques questions à Maryse Arditi, présidente d’Eccla (Écologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral audois).

. Pour vous, l’agrandissement de la plate-forme logistique du port est-il justifié ?

. M.A. : « Nous n’y sommes pas opposés. Le port manque d’espace et cela d’autant plus que l’application du Plan de prévention des risques technologiques (plusieurs établissements sont classés Seveso) demande de la place.

Pour nous, ce projet présente l’avantage de prévoir une boucle ferroviaire, qui justifie l’extension. Nous vérifierons que cette boucle se fait bien. Si ce port a quelque prétention d’activité supplémentaire, c’est bien que le transport se fasse autrement que par camion.

Nous savons que les 100 ha sur lesquels va se faire l’agrandissement ont été pris sur ce qui est devenu aujourd’hui la Réserve naturelle régionale, qui avant était les salins. Mais en même temps, le Conservatoire du Littoral a pu acheter un morceau de salins et de plages pour constituer la Réserve naturelle, avec Sainte-Lucie, grâce à la Région qui a rendu cette opération possible (1). A l’époque, en tant que conseillère régionale, j’ai voté pour cette décision.

Il y a 7-8 ans, nous étions très inquiets vis-à-vis de la situation des Salins du Midi, qui possédaient 1 400 ha tout le long du littoral. Ce qui a été acquis par le Conservatoire, c’est toujours ça qui est à l’abri. »

. Que pensez-vous de la modification de l’accès à la plage ?

. « Tant que l’État était en charge du port, il n’a rien dit et a laissé les gens traverser le port jusqu’à la plage. Quand il a transféré la compétence à la Région, il lui a dit « vous êtes responsable en cas de problème ». Il était clair, dès 2007-2008, qu’il fallait interdire l’accès du port.

Comment fait-on ? Les gens ont l’habitude de rouler, sur 4 km de plage, et veulent continuer. On parle de dérogation à la Loi Littoral, mais dans un réserve naturelle c’est inconcevable. La loi (2) n’a jamais été respectée, c’est l’occasion de le faire. La circulation motorisée est contradictoire avec les espaces naturels ; il faut apprendre à les respecter.

Il y a aussi le fait qu’il y a trente ans, on comptait beaucoup moins de véhicules sur la côte qu’aujourd’hui. Maintenant, de La Franqui à Gruissan, il y a des milliers de camping cars ; c’est une sur-fréquentation. Si on veut accueillir dignement les touristes, il faut aménager un peu.

Pour l’accès à la plage de la Vieille Nouvelle, la Région a prévu un nouveau chemin d’accès. Si les gens voulaient bien se mettre autour d’une table ronde on pourrait trouver une solution à peu près acceptable par tous, mais il n’y a pas moyen de se réunir. Pourquoi pas voir ce qui est possible, par exemple à partir du parking actuel de Sainte-Lucie avec un passage à pied, en vélo, un petit train électrique ? Si les gens veulent une dérogation à la Loi Littoral, avec une bande de roulement et rien d’autre, ce n’est pas la peine de discuter.

Aux Coussoules (La Franqui), le maire a fermé l’accès des véhicules à la plage et ça se passe bien.

Au passage, il faut dire que la Loi Littoral n’a pas rempli son office : la population des cantons littoraux s’accroît davantage, depuis 30 ans, que la moyenne française. La pression sur le littoral est toujours plus forte. »

. Les compensations environnementales prévues par la Région pour compenser l’extension du port vous conviennent-elles ?

. « Ces mesures compensatoires ont été débattues au Comité consultatif de Sainte-Lucie. La Région, conformément au cadre légal, a demandé une dérogation au Conseil national de la protection de la nature pour pouvoir aménager 100 ha d’espaces naturels. Le fait qu’elle ait anticipé a peut-être joué ; la Région a obtenu l’accord du CNPN.

Nous allons nous bagarrer notamment sur deux aspects : ils ont été chercher des compensations dans l’Hérault, au Domaine de Vassal ; c’est loin, il faut faire le plus proche possible ; par ailleurs, si on prend 100 ha, il faut en compenser 200 et qu’il y ait réellement compensation et non pas la prise en compte d’un espace naturel déjà existant.

Et puis, parmi les compensations, il y a le financement de la Réserve régionale naturelle de Sainte-Lucie ; c’est scandaleux, cette réserve existe déjà ; puisque la Région avait décidé de la mettre en place, elle doit la financer, indépendamment du nouveau projet. »

1) La Région Languedoc-Roussillon est l’organisme compétent pour la mise en place de réserves naturelles régionales. Elle contribue largement au financement de celle qui nous préoccupe.

2) Loi du 3/01/1986, article 30.

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Les voitures empruntent actuellement cette piste à l'arrière de la plage.

Les voitures empruntent actuellement cette piste à l’arrière de la plage.

Port-la-Nouvelle Windsurf : pour une piste de sable

Le collectif d’associations (Port-la-Nouvelle Windsurf, l’Association des usagers de Port-la-Nouvelle et une association de Peyriac-de-Mer) réclame, depuis longtemps, avec 6 000 signatures à l’appui, le maintien de l’accès des véhicules motorisés aux plages, à Gruissan, à la Vieille Nouvelle, à La Palme ou encore un peu avant La Franqui. Laurent Bady, président de Port-la-Nouvelle Windsurf, met l’accent sur l’importance de ce secteur du littoral, où le vent est favorable pour ces activités sportives : « on peut naviguer parallèlement à la côte sans risque ».

« Nous demandons », dit-il, « une bande de roulement, autrement dit une piste sur le sable, à 250 m du rivage, balisée, naturelle, avec la possibilité de se croiser et de se garer en épis. Nous ne voulons plus de voitures sur la plage. »

Le projet de la Région, à la Vieille Nouvelle, ne satisfait pas l’association qui craint un manque de places de parking et souligne la concentration des usagers au même endroit : « Nous avons compté 1 100 voitures par jour autour du 10 août, avec 700 voitures de 15 h à 17 h. Avec les 450 places annoncées, cela risque d’être la foire d’empoigne. De plus, sur le chemin de halage de Sainte-Lucie, on ne peut pas se croiser au petit pont. Est-ce que l’on veut dégoûter les gens d’aller sur la plage ? Ce projet concentrera tous les usagers au même endroit : baigneurs, véliplanchistes, kiteurs, alors que jusqu’ici chacun avait son coin. Il y aura, c’est sûr, un accident dans les 15 jours. »

Laurent Bady n’apprécie pas la concertation telle qu’elle a été faite : « Le président du Parc naturel régional de la Narbonnaise, Bernard Devic, nous a rencontrés séparément, les maires, nous, et a remis un rapport à la sous-préfète, mais il n’y a jamais eu de rencontre entre tout le monde. » Il ajoute : « Tous les élus se sont prononcés pour la bande de roulement, Marie-Hélène Fabre, Roland Courteau, André Viola et Eric Andrieu (1). Mais derrière, ça ne bouge pas. Il semble que ce soit le préfet qui tranchera. »

1) Respectivement députée, sénateur, président du Conseil départemental et vice-président de la Région.

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Au grau, un pêcheur.

Au grau, un pêcheur.

Albert Cormary (EELV) : une bande de roulement limitée

Albert Cormary (Europe Écologie les Verts du canton de Sigean) n’est pas opposé à une bande de roulement sur le sable : « Aujourd’hui, les voitures vont n’importe où sur la plage. Une bande de roulement, balisée, pourquoi pas, mais il ne faudrait pas qu’elle aille jusqu’au grau de la Vieille Nouvelle, qui est la partie la plus fragile en terme de biodiversité. La moitié de la distance jusqu’au grau suffirait. On resterait en dehors du milieu dunaire, des sansouïres. »

Il estime par ailleurs qu’un mois pour l’enquête publique c’est trop court et que la période où elle se fait ne permet pas de consulter les estivants, qui sont une partie importante des usagers.

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Mise à jour (17/04/2016) : Vieille Nouvelle, mobilisation massive pour un accès direct à la plage

Le Collectif de la Vieille Nouvelle a réussi son pari en réunissant, samedi 16 avril, entre 600 et 1 000 personnes dans les rues de Port-la-Nouvelle. Les usagers de la plage de la Vieille Nouvelle, sportifs et familles, ont réclamé un accès abordable à la plage, que selon eux les aménagements en cours ne permettent pas. Ils demandent le maintien de la bande de roulement située sur le sable en retrait de la plage (à 250 m du rivage), avec un aménagement de parking en épis qui fermerait l’accès des véhicules sur la plage.

L’État se replie derrière la Loi Littoral (doublée du zonage en réserve naturelle), qui interdit toute circulation de véhicules à moteur sur les plages. A la suite de la manifestation, la sous-préfète de Narbonne, Béatrice Obara, déclare (L’Indépendant du 17/04/2016) : « Nous ne fermons pas la porte à des aménagements. Il existe des propositions comme les modes de circulation douce. » Sans plus de précision.

Le collectif fait valoir qu’il n’y a jamais eu de concertation regroupant, autour d’une même table, toutes les personnes concernées. Concertation qui aurait peut-être permis de réfléchir ensemble à des solutions pratiques conciliant davantage les différents points de vue ? Il est peut-être encore temps.

Nous reproduisons la réflexion d’Albert Cormary, de Sigean, qui, sans se joindre à ceux (ce n’est pas la majorité) « qui veulent pouvoir faire ce qu’ils veulent quand ils veulent comme ils veulent« , « partage à 100 % le sentiment de Nouvellois (et autres) qui estiment qu’on leur vole tout. Le port a vécu en symbiose avec le village pendant des siècles. Depuis 20 ans, c’est un corps étranger. Les salins ont rythmé la vie sociale et le paysage des habitants pendant un siècle et les pouvoir publics l’ont abandonné, en décrétant une réserve naturelle mal née d’un marchandage sur un coin de table. Maintenant, on leur vole la plage en limitant très fortement l’accès. Cerise sur le gâteau pour les écolos, il faudra de très forts arguments pour me faire croire que le dépose minute aménagé sur l’aire de nidification des sternes naines est moins dommageable pour l’avifaune qu’une bande de roulement facilement contrôlable et établie là où il n’y a aucun enjeu en matière environnementale. A ce sujet, les écolo-technocrates responsables du truc devraient relire attentivement le DOCOB du Natura 2000…« 

Quant aux solutions pratiques : « Si ce n’était qu’une problématique de gens accros à la voiture, il n’y aurait pas tant de passions. Le problème vient de ce que l’on est dans le paysage du sensible. C’est un aspect qu’ignorent les tenants de la fermeture totale et qui pourtant devrait interpeller les écologistes. Un « responsable » avait proposé d’y faire rouler des petits trains pour amener les usagers à pied d’œuvre. Cela a été reçu comme une gifle de plus : on veut transformer notre plage en parc d’attraction ! Quant aux déplacements doux, on ne voit pas très bien ce que cela peut être. Rouler en vélo, ceux qui en parlent devraient essayer, histoire de nous faire rigoler ! Des calèches ? On revient au petit train…« 

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Mise à jour (02/06/2016) : Vieille Nouvelle, quel accès ?

Le débat organisé le 31 mai par Eccla à Narbonne a permis l’échange de points de vue sur l’accès à la plage de la Vieille Nouvelle. Les usagers estiment ne pas avoir été suffisamment consultés sur ce sujet.

La carte des nouveaux accès à la plage de la Vieille Nouvelle.

La carte des nouveaux accès à la plage de la Vieille Nouvelle.

En organisant, le 31 mai au Palais du Travail, une conférence-débat sur la circulation motorisée dans les espaces naturels, l’association Eccla (Écologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois) savait qu’elle touchait un point sensible. Pour l’association, il s’agissait d’expliquer la réglementation et de sensibiliser les participants à la protection des espaces naturels.

Mais en organisant cette soirée, Eccla a, sans que cela soit son objectif premier, joué le rôle de facilitateur de débat, que les pouvoirs publics, à qui il incombe, n’ont pas joué pleinement, de l’avis de nombreux interlocuteurs.

Une évidence a d’abord été mise en avant : comme l’a expliqué Stéphane Defos (DDTM), la loi Littoral (03/01/1986) interdit toute circulation de véhicules à moteur dans les espaces naturels, y compris sur des chemins aménagés et a fortiori en hors piste. De ce fait, aucune dérogation n’est possible dans les espaces naturels littoraux.

Alain Perea, directeur du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise, a ensuite expliqué l’historique de la gestion administrative du dossier de la Vieille Nouvelle : en juillet 2013, dit-il, la sous-préfète de Narbonne a réuni les maires concernés et les représentants du Parc et a exposé la nécessité impérative d’appliquer la loi Littoral, ce qui mettait fin à la tolérance observée depuis près de trente ans à la Vieille Nouvelle : rappelons que les usagers, pour y accéder, utilisaient en toute illégalité la seule voie possible, par la zone portuaire puis par la piste de sable en retrait de la plage.

Lors de cette réunion, la sous-préfète avait chargé le Parc d’étudier les diverses possibilités d’aménager un nouvel accès, compatible avec la loi.

On peut concevoir différents types d’accès aux plages du littoral audois, dit Alain Perea. Il y a des plages proches d’une route, en accès de type urbain, comme la plage sud de Port-la-Nouvelle ou Narbonne-Plage ; il y a des plages qui peuvent satisfaire un public familial qui accepte de marcher un peu, comme la falaise de Leucate ou les Coussoules après l’aménagement qui a été réalisé ; « à la Vieille Nouvelle, il faudrait que l’accès soit plus difficile pour avoir moins de monde » et orienter plutôt l’utilisation vers les sportifs amoureux d’espaces sauvages. A Gruissan, dit-il aussi, « la loi dirait de fermer la plage au niveau du camping : nous étudions la solution de chemins d’accès. »

A la Vieille Nouvelle, dans le cadre de l’aménagement du port de La Nouvelle, c’est la Région qui a défini les nouveaux accès, dont un en voiture (les travaux sont en cours). Celui-ci prévoit un parking de 680 places, la majorité près de l’ancien domaine des Salins (« La Campagne »), le reste (180) en épis le long d’une voie entre ce domaine et la plage. Ce qui demandera de marcher entre 5 et 20 minutes pour arriver à la plage.

La carte éditée par le Conservatoire du Littoral (voir plus haut) montre les accès projetés : par la Campagne (en voiture), par le parking des Salins (à pied et en vélo), par la Maison éclusière (à pied et en vélo).

Le Collectif Vieille Nouvelle a exprimé, à de nombreuses reprises, son inquiétude sur la capacité de parking, qu’il juge insuffisante ; et il souligne la difficulté pour les amateurs de glisse équipés de matériel lourd de le transporter sur une longue distance.

D’autres, comme les pêcheurs, font remarquer que l’accès au grau de la Vieille Nouvelle demandera un long parcours à pied (3 km).

Le débat a porté aussi sur la fragilité de cette zone classée en réserve naturelle. « Dans la bande située à 400 m de la mer » (aux abords de la bande de roulement sur le sable), dit Dominique Clément, naturaliste ornithologue, « c’est là qu’est située toute la biodiversité, les oiseaux, les insectes, les plantes ; les parkings sont situés en dehors de cette zone naturelle. »

Selon Matthieu Delabie, délégué de rivages au Conservatoire du Littoral, « il est encore possible de discuter, de trouver de la souplesse dans l’utilisation du parking ».

Maryse Arditi, présidente d’Eccla, rappelle la proposition de l’association d’une passerelle partant du parking des Salins. Ce pourrait être une passerelle en bois suspendue au-dessus du sol, permettant le roulement de cycles, poussettes et autres caddies.

Le nouvel accès par La Campagne doit ouvrir début juillet. L’usage montrera si les craintes quant à la difficulté d’accès sont fondées ou non. Si c’était le cas, espérons que les autorités auront à cœur d’étudier les éventuelles solutions pour améliorer la situation.

Ph.C.

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Eccla, EELV, des observations sur l’enquête publique

L’enquête publique du projet d’agrandissement du port de Port-la-Nouvelle (partie terrestre) est désormais terminée (mise à jour, 23/05/2015). Eccla et EELV, parmi d’autres, ont formulé des observations sur ce dossier. En voici les grandes lignes (lien vers les documents complets plus bas) :

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Eccla : questions sur les compensations environnementales

L’association souligne d’abord ce qu’elle estime être une incohérence : l’extension du port à terre comporte deux parties, la plate-forme nord (extension de l’actuelle zone d’entrepôts, près de la mer et de la future extension du port en mer) et la zone logistique, plus à l’intérieur ; le dossier du maître d’ouvrage (la Région) prévoit de réaliser d’abord la première, liée à l’accueil du nouvel avant-port ; pour Eccla, c’est la seconde qui répond pourtant à des besoins plus immédiats (manque de place sur la zone actuelle, raccordement à la voie ferrée).

Par ailleurs, Eccla fait remarquer que le Contrat de Plan État-Région ne prévoit aucun financement pour le port de Port-la-Nouvelle dans les cinq ans à venir, alors qu’il prévoit 10 M€ pour l’intermodalité ferroviaire, dont la réalisation est pourtant prévue ultérieurement à celle du grand port…

Un autre point important est la réalisation d’un mur de soutènement sur la frange littorale de la plate-forme nord, avec pour but de protéger la zone des submersions marines. Eccla fait remarquer que, du fait de l’érosion régulière du littoral, le mur serait au bord de l’eau dans moins d’un siècle : « Dans ces conditions il ne paraît pas raisonnable d’installer une structure en dur dans une telle zone et surtout si près de la mer. »

Pour l’accès à la plage, Eccla propose un deuxième accès (en plus de celui par La Campagne) : Il s’agirait d’une passerelle en bois à partir de l’actuel parking proche de la maison éclusière de Sainte-Lucie. Il permettrait de découvrir les salins sans dégrader le milieu et d’arriver en un autre point de la plage.

Concernant les compensations environnementales, Eccla note que le dossier ne prévoit « quasiment pas d’évitement d’impact, juste un peu de réduction durant la phase chantier et quasiment tout en compensation, ce qui n’est pas vraiment l’esprit ERC » (« Éviter, réduire, compenser », loi du 10/07/1976).

Quant aux compensations, qui sont prévues en partie sur la réserve naturelle de Sainte-Lucie et, en majeure partie, sur le lido de Sète-Marseillan, Eccla souligne leur incohérence : d’une part parce que la Réserve régionale de Sainte-Lucie est déjà protégée foncièrement et réglementairement ; d’autre part parce que le lido de Sète est très éloigné du projet alors que d’autres sites plus proches auraient pu être choisis. Eccla y voit des raisons très éloignées des préoccupations environnementales et de l’idée de compensation : « lorsqu’on regarde de près le choix du lido de Sète, on comprend vite que la facilité a pesé lourd : un seul propriétaire prêt à vendre et un organisme, le Conservatoire du Littoral, prêt à en prendre la responsabilité et souhaitant fortement ce rachat. »

L’association pose des questions quand aux réalisations prévues sur l’île Sainte-Lucie : Pourquoi le plan de gestion, qui aurait dû être terminé fin 2013, n’est toujours pas en place ? Pourquoi choisir le canal de la Robine (pollutions au cadmium et au PCB, entre autres) pour la mise en eau des salins plutôt que l’étang de l’Ayrolles ? Le troisième point concerne la suppression de la circulation motorisée : le projet a-t-il été bien dimensionné (parkings, accès par le chemin de halage) ? Eccla demande que cette maîtrise de la circulation automobile soit réalisée dès avant les travaux et qu’une étude d’impact soit menée à l’issue de la première saison estivale.

Dans ses conclusions, Eccla interroge : « Si le port ne se fait pas, la Région tiendra-t-elle ses engagements envers la réserve régionale qu’elle a elle-même créée ?' ».

Lien vers le document d’Eccla

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EELV : « de graves irrégularités » en termes de concertation

Le groupe local du Narbonnais d’EELV soulève « de graves irrégularités » dans le déroulement de l’enquête publique qui, selon lui, sont des motifs d’annulation de l’enquête : absence de concertation de la Région avec les usagers, contrairement à son engagement et en opposition avec le Code de l’environnement et l’esprit du « Débat public ».

EELV estime que le projet ne prend pas suffisamment en compte les effets du changement climatique, en particulier par rapport à l’élévation du niveau de la mer et la réalisation d’un ouvrage de soutènement le long de la plate-forme nord, ce qui devrait amener à rechercher des solutions d’évitement, voire de repli pour une partie de cette plate-forme ; cela permettrait en même temps d’épargner pour l’instant les habitats qui sont dans le meilleur état écologique, estime le document.

Comme Eccla, EELV est critique vis-à-vis des compensations environnementales et les juge même « insuffisantes, inappropriées et en contradiction avec les recommandations de l’Agence de l’Eau » (le lido se Sète-Marseillan n’étant pas dans le même bassin versant que le projet).

EELV souligne l’important impact social, sanitaire et sociétal du projet : flux de véhicules lié aux travaux ; risques technologiques minimisés ; concentration humaine du fait du nouvel accès à la plage ; gestion des eaux de ruissellement ; pollution du chantier (plastiques, remblaiements).

En conclusion, EELV estime le dossier fragile et suggère une légèreté du maître d’ouvrage dans ses décisions.

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Le document d’EELV : Observations EELV enquête publique PLN

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Un pêcheur à pied, dans l'étang de l'Ayrolle.

Un pêcheur à pied, dans l’étang de l’Ayrolle.

Aux Coussoules (La Franqui), l'accès a été fermé aux véhicules.

Aux Coussoules (La Franqui), l’accès a été fermé aux véhicules.