Zones humides : il y en a certainement (encore) une près de chez vous

La moitié des zones humides du monde entier ont disparu au XIXe siècle à cause de l’artificialisation, de la transformation des milieux, de la canalisation des cours d’eau. D’où une importante perte de biodiversité.

C’est ce qu’a expliqué Francis Morlon, directeur de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) de l’Aude, lors d’une soirée, le 23 décembre à l’Assoc’Epicée (Narbonne).

Des zones humides, il y en a un peu partout, notamment dans notre région avec les étangs et les cours d’eau. Il a aussi été question de zones humides, aux combats emblématiques, de Sivens et Notre Dame des Landes.

Mais qu’est-ce qu’une zone humide ?

Francis Morlon, directeur de la LPO de l'Aude.

Francis Morlon, directeur de la LPO de l’Aude.

C’est, dit Francis Morlon, une zone avec une présence d’eau, permanente ou temporaire, courante ou stagnante, salée, douce ou saumâtre, naturelle ou artificielle. Les dunes, les lagunes, les salins, les forêts, les prairies et même les vignes peuvent être des zones humides.

Ces zones ont plusieurs intérêts : elle jouent un rôle important dans le traitement physico-chimique de l’eau ; elles servent d’éponge lors des crues ; elles sont aussi des lieux de vie (stationnement, nidification), très actifs notamment dans la période estivale ; elles sont aussi des lieux de loisirs pour les humains.

Face à leur disparition progressive, un traité international, la Convention de Ramsar (une ville d’Iran), a été adopté en 1971. Son titre officiel est « Convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau ». Cette convention est à l’origine d’un inventaire mais aussi de directives transcrites en droit européen et en droit national (dont une partie de la Loi sur l’eau en France).

Les États signataires de la convention s’engagent notamment à inventorier les zones humides et à les prendre en compte lors d’aménagements et dans la gestion de l’agriculture.

Dans le Narbonnais, les vastes étangs sont reconnus comme site Ramsar (il y a environ 250 sites Ramsar dans le monde). Ils abritent une importante population d’oiseaux (jusqu’à 20 000 en hiver) ; la pêche traditionnelle doit y être préservée.

Ces étangs sont menacés par la pollution, surtout agricole (en particulier les herbicides) mais aussi industrielle : la société Languedoc Micron Couleurs de Malvesi (près de Narbonne), spécialisée dans la fabrication et le négoce de pigments, a cessé la fabrication en 2008 ; pourtant on trouve encore du cadmium dans les sédiments des étangs. L’usine Areva (traitement du minerai d’uranium), également à Malvesi, est aussi une menace pour les mares, canaux, et le canal de la Robine qui va jusqu’aux étangs : des débordements de diverse nature ont eu lieu en 2004, 2006 et 2009.

L’urbanisation en zone inondable (aujourd’hui, en général, on remblaie les sols pour pouvoir construire) réduit les zones humides.

Autre menace, celle de la gestion des crues de l’Aude. L’aménagement de la basse vallée, avec en particulier le canal de dérivation de Coursan, sécurise certes les habitations riveraines, mais il annule la capacité des milieux naturels à absorber la crue et réduit les zones humides. Sans parler du risque de rupture de digues.

Dans la basse vallée de l’Aude, de nombreux canaux agricoles ont été fermés par ces aménagements. Conséquence : l’étang de Campignol, qui était alimenté par ces canaux en eau douce, perd peu à peu sa roselière ; elle s’étendait sur une dizaine d’hectares et il n’en reste plus qu’une ceinture autour de l’étang. La biodiversité (notamment la pêche de l’anguille) en pâtit.

L’autre « menace » sur ces étangs est « naturelle » : c’est la remontée du niveau de la mer.

L’agrandissement du port de Port-la-Nouvelle

Des études sont en cours (sous la responsabilité de la Région) sur l’impact du projet d’extension du port de Port-la-Nouvelle. L’extension concerne d’une part la zone d’activité terrestre, d’autre part le bassin du port.

La Région doit trouver 20 ha de dunes pour compenser les superficies qui seront détruites par le projet. Comme il n’y a pas de dunes à vendre dans l’Aude, elle devra les acheter ailleurs (à Listel ?).

Il est à craindre que la nouvelle jetée du port entraîne une accumulation de sable d’un côté et un creusement de l’autre. Les salines de Port-la-Nouvelle sont ainsi menacées.

L’extension de la jetée permettrait par contre, en renforçant le courant, de désensabler le Grau naturel qui fait communiquer l’étang de Bages avec la mer.

Ph.C.

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Port-la-Nouvelle : un particulier condamné à remettre en état une zone humide

Le Tribunal Correctionnel de Narbonne, en date du 22/08/2017, a condamné un particulier qui avait remblayé une zone humide près de sa maison. Voir le communiqué d’ECCLA.

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Journées mondiales des zones humides

Les journées mondiales des zones humides ont lieu chaque année en février, avec de nombreuses animations locales, en Languedoc-Roussillon et dans toute la France.

Zones humides 2http://www.zones-humides.eaufrance.fr/agir/ramsar-et-la-journee-mondiale-des-zones-humides

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